Peau, 2024
Enveloppe d’une structure, d’une ossature, la peau est une trame à divers potentiels.
Par le biais de ressources matérielles et techniques complexes, la peau est un organe aux fonctions majeures tant dans son exploration symbolique, littéraire, philosophique et métaphysique, que dans son usage physique prévalant en architecture.
Comme un écran, elle projette des histoires qu’elle raconte, actrice ou témoin, elle-même incrustée d’empreintes liées au temps, mœurs, tendances, propriétés de lieu, de milieu, d’événements...
La peau est une cartographie, la cartographie d’une vie, la cartographie d’un système existentiel.
La peau, enveloppe contenante, est aussi contenu. Elle devient ongle, os, roche et roc. De sa propre synthèse, changeant d’états, elle devient indissociable du support auquel elle adhère, formant un ensemble unique aux caractéristiques variées.
La peau couvre mais aussi répare. Elle marie mais également sépare.
Quel que soit le sujet auquel elle se rapporte, considérée comme toile de surface ou de fond, elle est surtout interface, l’interface entre deux mondes.
Tantôt armure (« défense d’entrer »), tantôt portail (« portes ouvertes »), cette interface détermine les flux susceptibles de passer d’un monde à l’autre et l’usage du lieu.
D’un mur à l’autre, la peau va et relie les espaces, y compris contradictoires, les opposés, vides et pleins, milieux hostiles et plus cléments, redonnant un statut à chacun.
Toile, voile, trame, tissage, réseau, mur…
La peau est la signature d’une identité, un témoignage et un trait d’union offrant parfois un pont vers l’invisible qu’elle laisse deviner.
“La lune se couchait, et le dernier de ses rayons emporta bientôt le voile d’une pudeur qui, je crois, devenait importune.
Tout se confondait dans les ténèbres.”
DENON Dominique-Vivant (1747-1825), Point de lendemain